Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/190

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
183
LA FIÈVRE D’OR.

vous avoir dérangés en vous obligeant de vous rendre ici, tandis que c’était moi au contraire qui devais me présenter à votre cuarto, puisque c’est moi qui désire causer avec vous.

— Général, répondit Valentin en s’inclinant respectueusement, mon ami et moi, nous aurions été désespérés de vous occasionner le moindre ennui ; croyez que nous serons toujours heureux d’obéir à vos ordres, quels qu’ils soient.

Après cet échange mutuel de politesse, les interlocuteurs se saluèrent de nouveau.

Nul peuple au monde ne pousse plus loin que le Mexicain la doucereuse félinerie des manières, s’il était permis d’employer cette expression.

— Qui de vous deux, messieurs, reprit gracieusement le général, est le señor don Cornelio ?

— C’est moi, caballero, répondit l’Espagnol en s’inclinant.

— Ainsi, continua don Sebastian en se tournant vers le chasseur avec un sourire aimable, ce caballero est don Luis ?

— Pardonnez-moi, général, répondit nettement le Français, mon nom est Valentin.

Le général se redressa.

— Comment ! fit-il avec étonnement, et où est donc le señor don Luis ?

— Il lui est impossible de se rendre à vos ordres, général.

— Parce que ?

— Parce que, répondit Valentin en jetant à la dérobée un regard sur la jeune fille, qui, bien qu’elle parût fort occupée à causer à voix basse avec sa camérista, ne perdait pas un mot de ce qui se disait,