Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/180

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
173
LA FIÈVRE D’OR.

— Ah ! bien facilement, seigneurie ; le hasard a voulu que je m’adressasse justement à l’un des propriétaires du troupeau même.

— Voyez-vous cela, petite fûtée ! Voilà un hasard bien complaisant.

Violanta rougit ; le général ne le remarqua pas et continua :

— Tu es certaine que ce ne sont pas des vaqueros appartenant à quelque hacienda ?

— Oh ! non, seigneurie, ce sont des chasseurs.

— Bon ! et ils veulent vendre leur ganado (bétail) ?

— L’homme auquel j’ai parlé me l’a dit.

— Sans doute il en demande un prix élevé ?

— Pour cela, je ne sais pas.

— C’est juste. Eh bien ! mon enfant, ajouta-t-il en se levant et en se tournant vers sa fille, dès que tu seras prête, nous déjeunerons, et peut-être te délivrerai-je du tapage infernal de ces animaux.

Le général embrassa une dernière fois sa fille et sortit.

Dès que les deux jeunes filles se trouvèrent seules, elles se mirent à rire comme deux petites folles.

Du reste, pour être juste, nous devons convenir que toutes deux elles avaient joué leurs rôles dans la perfection, et avec un si grand naturel que, sans qu’il s’en doutât, elles avaient amené en quelques minutes à peine le général à faire entièrement leur volonté, tout en le laissant persuadé qu’il n’agissait que d’après sa propre impulsion.

Disons, pour nous consoler, que depuis que le monde existe, dans tous les pays et dans tous les temps, il en a été continuellement ainsi et que