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LA FIÈVRE D’OR.

Don Sébastian embrassa affectueusement sa fille, et s’assit sur une butacca que lui avait avancée Violanta.

— Oh ! mon enfant, dit-il, comme te voilà fraîche et radieuse, ce matin ; il est facile de voir que tu as passé une excellente nuit.

— Du moins, mon père, répondit-elle avec une petite moue maligne, si elle n’a pas été telle, ce n’a pas été de ma faute, je vous assure, car j’avais grandement envie de dormir, lorsque je me suis retirée hier soir.

— Que veux-tu dire ? ton sommeil aurait-il été troublé ?

— Oui, à plusieurs reprises.

Caramba ! chère petite, c’est comme moi ; je ne sais quel drôle s’est obstiné à râcler sur la guitare les airs les plus mélancoliques du monde, il faisait une musique à agacer les chats, qui m’a tenu éveillé une partie de la nuit. Au diable le musicien et son sot instrument.

— Ce n’est pas cela, mon père ; je n’ai même qu’à peine entendu l’homme dont vous me parlez.

— Qu’est-ce donc alors ? je ne sache pas qu’il se soit fait cette nuit d’autres bruits que celui-là.

— Mon Dieu ! je ne pourrais vous expliquer positivement ce que j’ai entendu, mais Violanta a été de même que moi réveillée à plusieurs reprises.

— Est-ce vrai, petite ? demanda le général en se tournant vers la camérista, fort occupée en apparence en ce moment à mettre tout en ordre dans le cuarto.

— Oh ! señor général ! s’écria-t-elle en joignant