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LA FIÈVRE D’OR.

certaines circonstances, rendu d’importants services que ceux-ci avaient reconnus en leur conservant leurs propriétés, mais en les astreignant toutefois à ajouter un nom espagnol à leur nom mexicain, qui sonnait mal à des oreilles castillanes.

Cependant la famille Guerrero se vantait hautement de son origine aztèque, et si ostensiblement elle semblait dévouée à l’Espagne, elle conservait secrètement l’espoir de revoir un jour le Mexique, reconquérir sa liberté.

Aussi, lorsque l’héroïque Hidalgo, l’humble curé du petit village de Dolorès, leva tout à coup l’étendard de la révolte contre les oppresseurs de sa patrie, don Eustaquio Guerrero, bien que marié depuis peu à une femme qu’il adorait, et père d’un enfant de cinq à six ans à peine, fut-il un des premiers à répondre à l’appel des insurgés et à rejoindre Hidalgo, auprès duquel il se rendit à la tête de quatre cents hommes résolus, levés sur ses immenses propriétés.

Singulière révolution que celle du Mexique, dont presque tous les promoteurs et les héros furent des prêtres, seul pays au monde où le clergé ait pris ainsi hautement l’initiative du progrès et révélé ainsi ses profondes sympathies pour la liberté des peuples.

Don Eustaquio Guerrero fut tour à tour compagnon de ces modestes héros, que la dédaigneuse histoire a presque oubliés, et qui avaient noms, Hidalgo, Morelos, Hermenegildo Galeana, Allende, Abasolo, Aldama, Valerio Trujano, Torrès, Rayon, Sotomayor, Manuel Mier y Teran, et tant d’autres dont les noms m’échappent, et qui, après avoir glo-