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LA FIÈVRE D’OR.

— Si bien ?

— Si bien que nous sommes partis.

— Vous étiez donc en Californie ?

— À San-Francisco, avec don Luis.

— Et maintenant ?

— Nous avons un magnifique troupeau de novillos que nous amenons de fort loin, et dont nous espérons nous défaire fort avantageusement à San-Francisco.

— Je le souhaite.

— Madame, je vous remercie, d’autant plus que nous avons eu une peine énorme à nous le procurer.

— Mais tout cela ne me dit pas pourquoi vous ne pouvez pas vous séparer de vos amis.

— Pas avant du moins de nous être défaits du troupeau ; vous comprenez, señorita, qu’agir autrement serait entièrement manquer de procédés.

— C’est vrai, mais pourquoi vous obstiner à ne vendre vos bestiaux qu’à San-Francisco.

— Ce n’est nullement obstination de notre part.

— Ainsi, en supposant que vous en trouviez un bon prix ici, vous le donneriez ?

— Je n’y verrais aucun inconvénient.

Doña Angela fit un mouvement de joie, que naturellement don Cornelio interpréta à son avantage.

— Cela pourrait s’arranger, dit-elle.

— Vous croyez ?

— Oui, si vous n’êtes pas trop exigeant.

— Vous ne devez pas le redouter, señorita.

— Mon père possède à quelques lieues d’ici une hacienda ; je sais qu’il est dans l’intention de remonter son ganado, c’est même afin d’avoir une