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LA FIÈVRE D’OR.

— Oui.

— Pourquoi plutôt ces animaux que d’autres ?

— Je vais vous le dire.

— Vous me ferez plaisir.

Don Cornelio salua.

— Il faut que vous sachiez qu’à San-Francisco…

— Encore San-Francisco !

— Hélas ! oui.

— Très-bien ; continuez.

— Les bœufs, les taureaux, et en général tous les animaux qui servent à l’alimentation sont fort chers.

— Ah !

— Mon Dieu oui ! Vous comprenez, on s’occupe beaucoup dans ce pays à trouver de l’or, et fort peu à chercher de la nourriture.

— C’est juste.

— Alors, mon ami a fait un raisonnement.

— Quel ami ?

— Le chasseur don Luis.

— Don Luis ?

— Oui, celui qui, lors de l’attaque des bandits, il y a trois ans, est si heureusement arrivé et que je n’ai plus quitté depuis.

Doña Angela éprouva une émotion si vive qu’une pâleur subite envahit son visage. Don Cornelio, tout à son récit, ne s’aperçut pas de l’effet que ce nom jeté tout à coup à travers sa narration avait produit, et continua :

— Si bien, fit-il, qu’il se dit : les taureaux coûtent en Californie un prix fou ; au Mexique, ils sont presque pour rien. Allons en acheter ou en lasser au Mexique.