Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/131

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
124
LA FIÈVRE D’OR.

— C’est, dit-il enfin, que je ne puis abandonner mes amis.

— Quels amis ?

— Mais ceux dans la compagnie desquels je me trouve.

— Ils ont donc besoin d’aller à San-Francisco, eux ?

— Oui.

— Pourquoi faire ?

— Ah ! voilà, répondit l’Espagnol de plus en plus embarrassé par l’obligation d’avouer le trafic auquel il se livrait, trafic, qui, dans sa pensée, devait extraordinairement le rabaisser dans l’esprit de la jeune femme, dont il croyait avoir touché le cœur.

— J’attends, fit-elle en fronçant imperceptiblement le double arc de ses sourcils.

Don Cornelio, poussé dans ses derniers retranchements, résolut de trancher nettement la question.

— Il faut que vous sachiez, dit-il d’une voix mielleuse, que mes amis sont chasseurs.

— Ah ! fit-elle.

— Oui.

— Et alors ?

— Alors, dame, ils chassent, reprit-il, décontenancé par le ton de son interlocutrice.

— C’est probable, reprit-elle avec un petit rire cristallin. Et que chassent-ils ?

— Hum ! ils chassent un peu toutes sortes de bêtes.

— Mais encore ?

— Les taureaux sauvages, par exemple.

— Fort bien ; nous disons donc qu’ils chassent les taureaux sauvages ?