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LA FIÈVRE D’OR.

— Oui. Mon père se rend au Tepic, où sa nouvelle position de gouverneur de la province exige qu’il réside.

— C’est vrai. Vous voyez bien, madame, qu’il est presqu’impossible que nous nous revoyions jamais.

— Le croyez-vous ? lui demanda-t-elle.

— Hélas ! j’en ai une peur atroce.

— Pourquoi donc ? fit-elle en penchant curieusement le corps en avant.

— Parce que, selon toute probabilité, demain, au lever du soleil, nous prendrons chacun des directions diamétralement opposées, señorita.

— Oh ! ce n’est pas possible.

— Malheureusement il n’est que trop vrai.

— Expliquez-moi donc cette énigme.

— Je voudrais que cela en fût une, malheureusement rien n’est plus simple.

— Mais je ne vous comprends pas du tout, moi.

— Je vais m’expliquer plus clairement.

— Voyons.

— Lorsque demain, vous et votre père, madame, vous prendrez la direction du Tepic, mes amis et moi nous nous mettrons en route pour San-Francisco.

— Pour San-Francisco ?

— Hélas ! oui.

— Et quel besoin avez-vous d’aller à San-Francisco, vous ?

— Moi, aucun.

— Eh bien ! alors…

Don Cornelio fit le geste de tous les hommes embarrassés, c’est-à-dire qu’il se gratta la tête.