Don Cornelio, intérieurement flatté de cette galanterie à laquelle il était loin de s’attendre, jugea cependant nécessaire de se confondre en excuses.
Mais doña Angola y coupa court en lui disant elle-même :
— Vous me pardonnerez, caballero, de vous recevoir si mal ; je ne comptais pas avoir l’honneur de votre visite. J’étais si loin d’espérer de vous rencontrer dans ce pueblo perdu !
Naturellement don Cornelio, infatué des avantages qu’il croyait posséder, prit ces paroles pour un compliment.
Angela pinça malicieusement ses lèvres rosées et continua en s’inclinant :
— Mais maintenant que j’ai été assez heureuse pour retrouver un ancien ami, car, observa-t-elle, j’espère que vous me permettez de vous donner ce nom ?
— Oh ! señorita, fit le jeune homme avec un mouvement de joie.
— Je me flatte que j’aurai le plaisir de jouir quelques fois de votre compagnie.
— Señorita, croyez que je serais trop heureux…
— Je connais votre galanterie, don Cornelio, interrompit-elle avec un sourire, je sais que vous saisirez toutes les occasions de me présenter vos hommages.
— Dieu m’en est témoin, señorita ; malheureusement le destin contraire, qui s’obstine après moi, en ordonnera peut-être autrement.
— Comment cela ?
— Vous n’êtes que de passage dans cette misérable hôtellerie.