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LA FIÈVRE D’OR.


UNE BONNE FORTUNE.

VI


La position de nos deux personnages vis-à-vis l’un de l’autre était assez singulière.

Tous deux semblaient s’épier et se chercher réciproquement le défaut de la cuirasse.

Mais dans cette lutte d’un homme contre une femme, celle-ci devait incontestablement l’emporter.

Don Cornelio avait de lui-même une opinion peut-être un peu exagérée ; ce fut ce qui le perdit et le livra pieds et poings liés à son redoutable adversaire.

Doña Angela appuyée coquettement sur le coude, le menton dans la paume de sa main mignonne, fixait sur lui ses yeux pétillans de malice, sans que l’Espagnol, pour ainsi dire fasciné par l’éclair de ce regard irrésistible, eût seulement la volonté de détourner la tête pour se soustraire au charme trompeur qui le maîtrisait.

— Violanta, dit la jeune fille d’une voix suave et pure comme le chant du centzontle, le rossignol américain, n’as-tu pas quelques rafraîchissements à offrir à ce cavalier.

— Oh que oui ! s’écria l’espiègle camérista, d’un petit air narquois à damner un saint.

Et elle se leva vivement pour exécuter les ordres de sa maîtresse.