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LA FIÈVRE D’OR.

délabrement de sa mise, et que la dame qui l’avait fait mander devait, si elle éprouvait pour lui un intérêt quelconque, attacher peu de prix à un manteau neuf ou à une plume fanée.

Ce fut dans ces dispositions conquérantes que don Cornelio arriva, à la suite de la camérista, à la porte d’un cuarto, devant laquelle elle s’arrêta.

— C’est ici, dit-elle en se retournant vers lui.

— Fort bien, reprit-il en se redressant et en tendant le jarret ; nous entrerons quand vous le voudrez.

Elle sourit d’un petit air narquois, en clignant malicieusement son œil noir, et fit jouer la clé dans la serrure.

La porte s’ouvrit.

— Señora, dit la camériste, je vous amène le gentilhomme.

— Fais-le entrer, Violanta, répondit une voix douce.

La jeune fille s’effaça pour faire place à don Cornelio, qui entra en relevant la tête et en retroussant sa moustache d’un air vainqueur.

La chambre dans laquelle il se trouva était petite, un peu mieux meublée que les autres cuartos de l’hôtellerie, grâce sans doute aux choses indispensables que la personne qui habitait provisoirement ce cuarto avait eu la précaution d’apporter avec elle ; plusieurs bougies roses brûlaient dans des chandeliers en argent, et sur un sopha, enfouie dans la mousseline comme un colibri frileux dans un nid de roses, une jeune fille de seize à dix-sept ans au plus, belle à ravir, fixait sur le cavalier es-