cinq heures du matin jusqu’à onze heures et de trois heures de l’après-dîner jusqu’à dix heures du soir, afin de jouir de la fraîcheur de la matinée et de celle de la nuit.
Le colonel Guerrero n’avait donc fait que se conformer à l’usage général en commençant son voyage le soir ; seulement, il était, ainsi que cela arrive souvent, parti plus tard peut-être qu’il ne l’aurait voulu, à cause de ces mille embarras qui surgissent tout à coup au moment de se mettre en route et qui, sans raisons bien plausibles, retardent indéfiniment le départ.
Mais le colonel se souciait peu de l’heure avancée ; une marche de nuit n’avait rien de bien effrayant pour lui, accoutumé de longue main à modifier son humeur selon les circonstances et à se plier à toutes les exigences des situations dans lesquelles il se trouvait.
Le soleil se coucha derrière le pic de Tequilla et le Cerro del Col disparut au milieu de la chaîne de hautes collines abruptes qui borde le rio Tololotlan, et peu à peu l’ombre envahit le paysage.
Les voyageurs s’avançaient doucement en causant gaîment entre eux, tout en suivant le cours sinueux et accidenté du rio Grande del Norte, sur les bords duquel s’étendait la route qu’il leur fallait parcourir.
Le chemin était large, bien tracé, facile ; aussi le colonel, après avoir jeté autour de lui un coup-d’œil pour s’assurer que rien de suspect ne surgissait aux environs, s’en rapporta complétement à la vigilance de ses criados, et reprit avec sa fille la causerie intime qu’il avait interrompue un instant.