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LA FIÈVRE D’OR.

La nuit était claire et sereine, le ciel, diapré d’une profusion d’étoiles au milieu desquelles étincelait l’éblouissante croix du sud ; une légère brise chargée des parfums du désert rafraîchissait doucement l’air, le plus profond silence planait sur San-José, car, dans les pueblos retirés du Mexique, chacun rentre de bonne heure chez soi ; tout, dans le meson, paraissait dormit ; seulement, à quelques fenêtres brillaient derrière les rideaux de calicot la faible et mourante lueur des candiles.

Aussi don Cornelio, subissant malgré lui l’influence de cette magnifique soirée, laissa de côté les quatre premiers vers du romancero et entonna d’une voix harmonieuse, après un prélude savant, la sublime description de la nuit qui le suit :

A l’escâso resplendor
De cualque luciente estrella,
Que en el medroso silencio
Tristemente centellea[1].

Et il continua ainsi les yeux levés vers le ciel, le front brillant d’enthousiasme jusqu’à la fin du romance, c’est-à-dire jusqu’à ce qu’il eût chanté les quatre-vingt-seize vers dont se compose cette touchante poésie.

Les Mexicains, enfants des Andalous, ces musiciens et ces danseurs par excellence, n’ont pas dé-

  1. À la faible lueur
    De quelque claire étoile
    Qui, au milieu du sombre silence,
    Brille tristement.