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LA FIÈVRE D’OR.

rait été qu’une enfant, puisqu’elle comptait à peine treize ans.

Autant qu’il était possible d’en juger, sa taille était petite mais mignonne, gracieuse et parfaitement proportionnée ; ses traits étaient fins, empreints d’un grand cachet de distinction ; sa bouche rieuse, ses yeux noirs, vifs et pétillans d’esprit ; ses cheveux bruns tombaient en deux énormes tresses jusque sur son cheval. Du reste, elle était coquettement emmitouflée dans son reboso et riait comme une petite folle à chaque secousse de sa monture, qu’elle excitait malicieusement, malgré les remontrances réitérées de son père.

Les domestiques étaient de vigoureux Indiens bien découplés, aux traits hardis, armés jusqu’aux dents, et qui paraissaient capables de bien seconder leur maître en cas de besoin.

Ils marchaient à une dizaine de pas en arrière du colonel et conduisaient au milieu d’eux deux mules chargées de vivres et de bagages, précaution indispensable au Mexique, si ceux qui voyagent ne veulent pas se voir exposés à mourir de faim en route.

Le Mexique réunit tous les climats du monde. Depuis les sommets glacés des Cordilières jusqu’aux rivages brûlants de l’Océan, le voyageur qui parcourt ce pays subit toutes les températures ; aussi cette vaste contrée a-t-elle été divisée en trois zones distinctes : las tierras calientes ou terres chaudes, composées des plaines situées sur les bords de l’Océan, et qui produisent le sucre, l’indigo, le coton avec une abondance et une force de végétation réellement tropicales ; las tierras templadas ou terres tempérées, régions formées par les Cordilières, et