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L’ÉCLAIREUR.

Torribio se tourna vers son prisonnier plus mort que vif :

— Ah ça, compadre, lui dit-il nettement, nous voici arrivés, à vous maintenant de nous ouvrir les portes.

— Mais, au nom du Ciel, s’écria le pulquero, en faisant un dernier effort pour résister ; comment voulez-vous que je m’y prenne ? Vous ne songez donc pas que je n’ai aucun moyen de…

— Écoutez ! fit impérieusement don Torribio, vous comprenez que je n’ai pas le loisir de discuter avec vous : ou vous nous introduisez dans le couvent, et cette bourse qui contient cinquante onces est à vous, ou vous refusez, et alors, ajouta-t-il froidement en sortant un pistolet de sa ceinture, je vous brûle la cervelle avec ceci !

Une sueur froide baigna les tempes du pulquero ; il connaissait trop bien les bandits de son pays pour leur faire l’injure de douter de leurs paroles.

— Eh bien ! lui demanda l’autre en armant le pistolet, avez-vous réfléchi ?

— Caspita ! caballero, ne jouez pas avec cela, je vais essayer.

— Pour mieux réussir, voici la bourse, fit don Torribio.

Le pulquero s’en empara avec un mouvement de joie dont il est impossible de donner une idée ; puis, il se dirigea lentement vers la porte du couvent, tout en cherchant dans sa tête comment il pourrait s’y prendre pour gagner honnêtement la forte somme qu’il venait de recevoir sans courir le moindre risque, problème, nous l’avouons, dont la solution n’était pas facile à trouver.