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L’ÉCLAIREUR.

La jeune fille salua humblement la supérieure et fit un mouvement pour obéir à l’ordre qu’elle avait reçu.

Tout à coup un bruit terrible se fit entendre ; des cris d’effroi, des menaces résonnèrent dans les corridors et on entendit se rapprocher rapidement les pas pressés d’une foule en tumulte.

— Qu’est-ce que cela signifie ? s’écria l’abbesse avec effroi, quelle est cette rumeur ?

Elle se leva avec agitation et se dirigea d’un pas incertain vers la porte de la cellule contre laquelle on frappait en ce moment à coups répétés.

— Mon Dieu ! mon Dieu ! murmura la novice en jetant un regard suppliant à la statue de la Vierge dont le doux visage sembla lui sourire, sont-ce enfin des libérateurs !

Nous retournerons auprès de don Torribio, que nous avons laissé marchant avec ses compagnons dans la direction du couvent.

Ainsi que cela avait été convenu entre lui et ses complices, don Torribio trouva toute la troupe réunie sous les murs du couvent.

Sur leur chemin, les bandits, afin de ne pas être dérangés par les serenos, les avaient garottés, bâillonnés et menés avec eux au fur et à mesure qu’ils les rencontraient disséminés dans les rues qu’ils parcouraient. Grâce à cette habile manœuvre, ils étaient arrivés sans encombre au but de leur course. Douze serenos avaient été capturés pendant le trajet.

Une fois parvenu au couvent, don Torribio fit poser les serenos à terre et donna l’ordre de les coucher les uns sur les autres, au pied même de la muraille.

Puis, sortant un loup de velours de l’une de ses poches, il s’en couvrit le visage, précaution imitée par ses compagnons, et s’approchant d’une misérable masure, qui s’élevait à peu de distance, il enfonça la porte d’un coup