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L’ÉCLAIREUR.

qu’ils ont choisie pour leur déprédations périodiques sur les frontières de ce misérable pays. Bon-Affût se fit fort d’atteindre les défrichements en moins de quatre jours par des chemins, croyait-il, connus de lui seul.

On partit.

Les aventuriers ne furent pas inquiétés dans leur fuite rapide ; et, ainsi que Bon-Affût l’avait annoncé dans l’après-midi du quatrième jour la cuadrilla traversait à gué le Rio-Gila et entrait dans la Sonora. Cependant, au fur et à mesure qu’ils avançaient sur le territoire mexicain, le front du chasseur se rembrunissait, ses sourcils se fronçaient avec inquiétude, et les regards qu’il portait de tous les côtés dénotaient une profonde préoccupation. C’est que les parages, dont l’apparence devait dans cette saison être si luxuriante, avaient un aspect étrange et désolé qui faisait froid au cœur. Les terres bouleversées et foulées aux pieds des chevaux, les débris de jacals charbonnés, épars çà et là, les cendres amoncelées aux endroits où auraient dû s’élever d’énormes meules de grains, attestaient que la guerre avait passé par là avec toutes les horreurs qu’elle entraîne à sa suite.

Cependant, à deux lieux à l’horizon, on voyait blanchir les maisons d’un pueblo fortifié, ancien présidio, qui étincelaient aux derniers rayons du soleil. Tout était calme aux environs ; mais ce calme était celui de la mort. Aucun être humain ne se montrait ; aucune manada ne paraissait dans les prairies dévastées ; les recuas de mules et les grelots de la nena ne se laissaient ni voir ni entendre ; partout un silence de plomb, une tranquillité lugubre pesaient sur ce paysage et lui donnaient, aux gais rayons du soleil, un aspect navrant.

Tout à coup Balle-Franche, qui marchait un peu en avant de la troupe, ramena son cheval d’un écart qui avait failli le désarçonner et se pencha de côté avec un cri de sur-