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L’ÉCLAIREUR.

zin écoutant à la porte. Bien que le grand-prêtre ne comprit pas un mot d’espagnol et par conséquent ne pût rien entendre à la conversation, cependant il avait remarqué une certaine animation dans le discours qui lui avait paru suspecte ; pourtant, n’osant pas s’opposer ouvertement à la cérémonie de la grande médecine qui devait avoir lieu dans la soirée même, il fit part de ses soupçons à Atoyac. Celui-ci, déjà mal disposé envers les deux hommes, feignit cependant d’être étonné de la subite méfiance de l’amantzin et la traita de vision. Mais, à la fin, comme le vieillard insistait et qu’il paraissait fortement persuadé qu’il y avait quelque machination cachée sous les jongleries des soi-disant médecins, Atoyac finit par se rendre aux raisons de son ami, il consentit à surveiller ce qui se passerait sur le monticule, et à se tenir prêt à voler au secours de l’amantzin, si celui-ci était dupe d’une fourberie.

Ceci bien convenu entre les deux hommes, aussitôt après que le cortège des captifs eut quitté Quiepaa-Tani, Atoyac s’était mis sur ses traces avec une troupe de guerriers d’élite composée de ses parents et de ses amis ; puis, arrivé au pied de l’éminence, il l’avait gravie en partie en se glissant dans les hautes herbes, et s’était mis en devoir d’écouter et d’observer ce qui se passait.

En entendant les prières des cinq hommes, le chef fut sur le point de regretter d’être venu. Bientôt le bruit des voix cessa de se faire entendre. Atoyac supposa que des prières à voix basse avaient succédé aux premières, et attendit. Cependant ce silence se prolongeant, Atoyac se décida à gravir jusqu’au sommet de l’éminence ; il demeura tout interdit en n’apercevant que l’amantzin et les sentinelles étendues sur le sol. Dans le premier moment, il les crut morts et appela à lui ses compagnons, qui étaient demeurés en bas du tertre. Ceux-ci accoururent en toute hâte et s’élancèrent vers les dormeurs qu’ils secouèrent