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L’ÉCLAIREUR.

L’aventurier respecta quelques instants les doux épanchements de ce père et de cette fille qui depuis si longtemps étaient séparés et n’espéraient plus se revoir. Deux larmes brûlantes qu’il ne put retenir roulèrent sur ses joues brunies, et devant un bonheur si complet il oublia une minute que désormais une barrière infranchissable était élevée entre celle qu’il aimait et lui ; mais bientôt, reprenant ses esprits et comprenant la nécessité de se hâter:

— En route ! en route ! commanda-t-il ; ne nous laissons pas surprendre.

Soudain un éclair sinistre traversa l’horizon; un sifflement aigu se fit entendre, et une balle vint s’aplatir sur la tête d’un gambucino, à deux pas de don Miguel. Puis un hurlement horrible, le cri de guerre des Apaches, éclata avec fureur.

— En retraite ! en retraite ! s’écria Bon-Affût, voilà les Peaux-Rouges !

Les gambucinos, enfonçant les éperons dans les flancs de leurs chevaux, partirent avec une rapidité vertigineuse.



XL.

Le dernier Coup de boutoir.

Bon-Affût ne s’était pas trompé : c’étaient effectivement les Peaux-Rouges, guidés par Addick et don Estevan d’une part et par Atoyac de l’autre, qui poursuivaient les gambucinos.

Nous expliquerons en quelques mots au lecteur, cette apparente alliance entre Addick et Atoyac. Dans le précédent chapitre, nous avons dit que Bon-Affût avait surpris l’amant-