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L’ÉCLAIREUR.

honnête et sans détour ; sa voix est une musique qui longtemps a résonné doucement à mon oreille et réjoui mon cœur, je serais heureux que son explication me rendît l’ami que je croyais avoir perdu.

— Que mon frère m’interroge ! je répondrai à ses questions.

Sur un signe du Loup-Rouge, les Apaches avaient allumé plusieurs feux et établi un camp provisoire. Malgré toute sa finesse, le doute était entré dans le cœur du chef apache, il voulait prouver, au chasseur blanc qu’il redoutait, qu’il agissait franchement et ne nourrissait aucun mauvais dessein contre lui. Les Apaches, voyant la bonne entente qui semblait régner entre leur sachem et le chasseur, s’étaient hâtés d’exécuter l’ordre qu’ils avaient reçu. Toute trace de lutte avait en un moment disparu, et la clairière offrait l’aspect d’un campagnement de chasseurs paisibles, recevant la visite d’un ami.

Bon-Affût sourit intérieurement du succès de sa ruse et de la façon dont il avait su en quelques mots donner un tout autre tour à la position ; cependant il n’était pas sans inquiétude sur l’explication que le chef allait lui demander ; il se sentait dans un guêpier dont, à moins d’un hasard providentiel, il ne savait comment il parviendrait à sortir. Le Loup-Rouge avait invité le chasseur à prendre place à ses côtés auprès du feu, offre que celui-ci n’avait eu garde d’accepter, ne se doutant pas encore de quelle façon tourneraient les choses, et voulant se conserver une chance de salut au cas où l’explication deviendrait orageuse.

— Le chasseur pâle est-il prêt à répondre ? demanda le Loup-Rouge.

— J’attends le bon plaisir de mon frère !

— Bon ! que mon frère ouvre les oreilles alors, un chef va parler,

— J’écoute !