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L’ÉCLAIREUR.

et il raconta en peu de mots de quelle façon ils étaient arrivés jusqu’à lui.

Le chasseur secoua la tête.

— L’action est hardie, dit-il ; je dois convenir qu’elle a été bien conduite. Mais à quoi cela vous avance-t-il d’avoir couru tous ces dangers ? De plus grands vous attendent ici, sans profit et sans avantage pour nous.

— Peut-être ! Quoi qu’il arrive, répondit fermement don Miguel, vous comprenez bien que je ne me suis pas, de gaieté de cœur, exposé à tous ces dangers, sans une raison bien forte.

— Je le suppose ; mais je cherche vainement quelle peut être cette raison.

— Ne la cherchez pas plus longtemps, je vais vous la dire.

— Parlez.

— Il faut, vous comprenez, n’est-ce pas, mon vieil ami ? reprit-il en appuyant avec intention sur chaque syllabe, il faut que je voie doña Laura.

— Voir doña Laura, c’est impossible ! s’écria Bon-Affût.

— Je me sais pas si cela est impossible, mais je sais que je la verrai.

— Vous êtes fou, sur mon âme ! don Miguel ; c’est impossible, vous dis-je.

L’aventurier haussa les épaules avec dédain.

— Je vous répète que je la verrai, dit-il avec résolution, quand même, pour arriver jusqu’à elle, je devrais marcher dans le sang jusqu’à la ceinture ; je le veux, cela sera !

— Mais comment ferez-vous ?

— Je l’ignore, cela m’importe peu, Si vous refusez de nous aider, eh bien ! Balle-Franche et moi, nous trouverons un moyen, n’est-ce pas mon vieux camarade ?

— Il est certain, don Miguel, répondit celui-ci du ton placide qui lui était habituel, que je ne vous abandonnerai pas. Pour trouver un moyen d’arriver jusqu’aux captives,