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L’ÉCLAIREUR.

le rôle qu’ils voulaient jouer et à se donner assez bien l’apparence indienne.

Lorsque ces divers préparatifs furent terminés, don Miguel confia à Ruperto le commandement de la cuadrilla, lui recommanda la plus grande vigilance, afin de ne pas se laisser surprendre, lui fit part du signal convenu avec Bon-Affût, et après avoir une dernière fois serré la main de don Mariano, toujours plongé dans la plus profonde douleur, les deux téméraires aventuriers prirent congé de leurs compagnons, jetèrent sur leur épaule leur rifle, dont ils n’avaient pas voulu se séparer, et se mirent en marche dans la direction de Quiepaa-Tani, accompagnés de quelques gambucinos qui voulaient les escorter jusqu’à la lisière de la forêt, et de Ruperto, qui n’était pas fâché de se rendre compte de la situation de la ville, afin de savoir comment il pourrait placer ses hommes de façon à accourir au premier signal qu’il entendrait.



XXXVIII

Une Reconnaissance de nuit.

Le soleil se couchait au moment où les gambucinos atteignaient la lisière de la forêt et la limite du couvert.

Devant eux, à environ une lieue et demie, s’élevait la ville au milieu de l’océan de verdure de la plaine qui l’enveloppait et lui formait une ceinture d’herbes et de fleurs.

La nuit tombait rapidement, les ténèbres s’épaississaient de minute en minute, confondant en une masse sombre tous les accidents du paysage ; l’heure était enfin des plus propices pour tenter le hardi coup de main auquel ils étaient résolus.