lero, il me semble que vous n’avez pas bien réfléchi à la résolution que vous prenez en ce moment.
— Caballero, un père ne réfléchit pas quand il s’agit de revoir son enfant qu’il croyait morte et qu’il n’espérait plus serrer dans ses bras.
— C’est juste ; seulement je vous ferai observer que ce que vous voulez faire, loin de vous aider à revoir votre fille, pourra au contraire vous l’enlever à jamais !
— Que voulez-vous dire ?
— Une chose bien simple : nous allons, don Miguel et moi, nous mêler au milieu des Indiens que nous espérons à peine parvenir à tromper, nous qui les connaissons ; si vous nous accompagnez, il arrivera inévitablement ceci : que du premier coup les Peaux-Rouges verront que vous êtes un blanc, et alors, vous comprenez, rien ne pourra vous sauver, ni nous non plus. Maintenant, si vous le voulez absolument, partez, je suis prêt à vous suivre ; on ne meurt qu’une fois, autant aujourd’hui que demain.
Don Mariano poussa un soupir.
— J’étais fou, murmura-t-il, je ne savais ce que je disais : pardonnez-moi ; j’ai tant de hâte de revoir mon enfant !
— Ayez foi en nous, pauvre père, répondit noblement don Miguel ; par ce que nous avons fait déjà, jugez de ce que nous pouvons faire encore ; nous allons tenter l’impossible pour vous rendre celle qui vous est si chère.
Don Mariano, succombant à l’émotion qui l’accablait, n’eut pas la force de répondre ; les yeux pleins de larmes, il serra la main du jeune homme et se laissa tomber sur le sol.
Les deux aventuriers se préparèrent alors à la hardie expédition qu’ils méditaient et se mirent en devoir de se déguiser.
Grâce à leurs connaissances des coutumes indiennes, ils parvinrent à se composer des costumes en harmonie avec