bien, don Miguel, que l’Aigle-Volant et sa cihualt, ainsi qu’ils nomment les femmes, l’accompagnaient.
Don Miguel regarda le chasseur.
— Est-ce que vous vous fiez beaucoup aux Peaux-Rouges, vous, Balle-Franche ? lui demanda-t-il.
— Hum ! reprit celui-ci en se grattant le front, c’est selon, et, s’il me faut avouer la vérité, ma foi ! je vous dirai que je ne m’y fie pas du tout.
— Vous voyez bien qu’il était seul alors. Qui sait ce qui lui sera arrivé dans cette ville maudite, au milieu de ces démons acharnés ? Je vous avoue que mon inquiétude est grande, et que j’ai horriblement peur d’une catastrophe.
— Son déguisement était cependant parfait.
— C’est possible ; Bon-Affût connaît à fond les mœurs des Indiens, il parle leur langue comme sa langue maternelle ; mais qu’importe cela, s’il a été livré par un traître ?
— Hein ? fit Balle-Franche, un traître ! De qui parlez-vous donc ainsi.
— Eh ! de l’Aigle-Volant ! caramba ! ou de sa femme, puisque eux deux seuls le connaissent.
— Écoutez ! don Miguel, répondit sérieusement Balle-Franche, permettez-moi de vous dire carrément ma façon de penser : vous avez tort de parler ainsi que vous le faites en ce moment.
— Moi ! s’écria brusquement le jeune homme. Eh ! pourquoi donc, s’il vous plaît ?
— Parce que vous ne connaissez que très-peu, et seulement sous de bons rapports, les gens que vous voulez flétrir d’une épithète déshonorante. Moi, je connais l’Aigle-Volant depuis longues années ; il était tout enfant lorsque je le vis pour la première fois ; je l’ai toujours trouvé d’une franchise et d’une loyauté à toute épreuve. Tout le temps qu’il a demeuré dans notre compagnie, il nous a rendu des services ou du moins a cherché à nous en rendre, et