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L’ÉCLAIREUR.

ce que bon leur semblerait, renonçant d’avance à intervenir, de quelque manière que ce fut, dans la façon dont ils se comporteraient avec leurs prisonnières.

Ces conditions bien et dûment acceptées, les chefs indiens se mirent en mesure de remplir le plus tôt possible les clauses du traité.

Le Loup-Rouge avait contre les deux chasseurs et don Miguel une haine d’autant plus invétérée que, toujours, dans les diverses rencontres qu’il avait eues avec ces trois hommes, il avait été vaincu. Il saisit donc avec empressement l’occasion qui se présentait de prendre sa revanche, se croyant certain cette fois de rendre à ses ennemis abhorrés toutes les humiliations qu’ils lui avaient infligées et tout le mal qu’ils lui avaient fait.

En moins de trois ou quatre jours, Addick et le Loup-Rouge parvinrent à réunir une troupe de près de cent cinquante guerriers d’élite, ennemis acharnés des blancs, et pour lesquels l’expédition qui se préparait était, pour nous servir d’une expression vulgaire, une véritable partie de plaisir.

Lorsque don Estevan se vit à la tête d’une troupe aussi nombreuse et aussi résolue, son cœur se dilata de joie et il se crut assuré du succès.

Que pouvait donc tenter don Miguel avec les quelques hommes dont il disposait ?

La route était longue pour se rendre à Quiepaa-Tani, presque impraticable ; il fallait traverser des montagnes abruptes, des forêts vierges, d’immenses déserts, et en supposant que les gambucinos réussissent à surmonter ces obstacles en apparence infranchissables, une fois arrivés devant la ville, que feraient-ils ?

Auraient-ils la prétention de s’en emparer ? Tenteraient-ils, avec une trentaine d’hommes au plus, de prendre d’assaut une ville de plus de vingt mille âmes, défendue par