lui prouvait que son hôte eût de mauvais desseins contre lui. Le chasseur accepta donc.
— Que mon frère marche devant, je le suivrai, se contenta-t-il de répondre.
— Mon père parle-t-il la langue des barbares Gachupines ?
— Ma nation habite les bords du lac salé sans rivages, les visages pâles sont nos voisins, je comprends et je parle un peu l’idiome dont ils se servent.
— Tant mieux.
— S’agit-il donc de guérir un visage pâle, demanda le Canadien, qui tenait à être fixé sur ce qu’on exigeait de lui.
— Non, répondit Atoyac ; un des grands chefs apaches a amené ici, il y a déjà plusieurs lunes, deux femmes des visages pâles ; ce sont elles qui sont malades ; le malin esprit s’est emparé d’elles, en ce moment, la mort étend ses ailes sur la couche où elles reposent.
Bon-Affût tressaillit à cette nouvelle inattendue, le cœur faillit lui manquer, un frisson involontaire agita tous ses membres ; il lui fallut un effort surhumain pour refouler au fond de son âme l’émotion profonde qu’il éprouvait et pour répondre d’une voix calme à Atoyac :
— Je suis aux ordres de mon frère, ainsi que mon devoir l’exige.
— Partons, alors, répondit l’Indien.
Bon-Affût prit sa boîte à médicaments, la plaça avec précaution sous son bras, sortit du calli à la suite du sachem, et tous deux se dirigèrent à grands pas vers le palais des vestales, accompagnés, ou pour mieux dire surveillés à distance par l’Aigle-Volant, qui marcha sur leurs traces sans les perdre un instant de vue.