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L’ÉCLAIREUR.

à Addick, ce chef ne consentira jamais à leur rendre la liberté.

— Nous irons les voir encore, n’est-ce pas ma sœur ?

— Demain, si vous voulez.

— Merci, cela me rendra bien heureuse, je vous assure.

Ces derniers mots surtout frappèrent le chasseur.

À la révélation subite qui lui avait été faite, Bon-Affût avait éprouvé une telle émotion qu’il lui avait fallu toute la force et toute la puissance qu’il avait sur lui-même pour que le Pigeon ne remarquât pas son trouble.

En ce moment Atoyac et l’Aigle-Volant parurent, leurs traits étaient animés, ils semblaient en proie à une colère qui, pour être concentrée, n’en était que plus terrible.

Atoyac vint droit au chasseur qui s’était levé pour le recevoir.

En remarquant l’animation peinte sur le visage de l’Indien, Bon-Affût pensa que peut-être il avait découvert quelque chose le concernant, ce ne fut qu’avec une certaine méfiance qu’il attendit la communication que son hôte paraissait vouloir lui faire.

— Mon père est bien un adepte de la grande médecine ? lui demanda Atoyac en attachant sur lui un regard scrutateur.

— Ne l’ai-je pas dit à mon frère ? répondit le chasseur, qui commençait à se croire sérieusement menacé et qui échangea un geste interrogateur avec l’Aigle-Volant.

Celui-ci souriait.

Le Canadien se rassura un peu ; il était évident que, s’il eût couru un danger, le Comanche n’eût pas été aussi calme.

— Que mon frère vienne donc avec moi et qu’il prenne les instruments de son art, s’écria Atoyac.

Il n’eût pas été prudent de refuser d’obéir à cette injonction, bien qu’un peu brutalement faite ; d’ailleurs, rien ne