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L’ÉCLAIREUR.

— Que mon fils soit le bienvenu, répondit le chef ; mes oreilles sont ouvertes.

— Le grand conseil des sachems de la nation est réuni, dit l’Indien ; on n’attend plus que mon père Atoyac.

— Que se passe-t-il donc de nouveau ?

— Le Loup-Rouge vient d’arriver avec ses guerriers, son cœur est rempli d’amertume, il veut parler au conseil. Addick l’accompagne.

L’Aigle-Volant et le chasseur échangèrent un regard.

— Le Loup-Rouge et Addick sont de retour ? s’écria Atoyac avec étonnement ; c’est étrange ! Qui a pu les ramener si tôt et surtout ensemble.

— Je l’ignore ; mais ils sont entrés dans la ville il y a une heure à peine.

— Était-ce donc le Loup-Rouge qui commandait les guerriers qui sont arrivés ce matin ?

— Lui-même. Mon père ne l’aura pas regardé lorsqu’il est passé devant lui. Que répondrai-je aux chefs ?

— Que je me rends au conseil.

L’Indien s’inclina et partit.

Le vieillard se leva avec une agitation mal contenue et se prépara à sortir.

L’Aigle-Volant l’arrêta.

— Mon père est ému, dit-il, un nuage est sur son esprit.

— Oui, répondit franchement le chef, je suis triste.

— Quelle cause peut troubler ainsi mon père ?

— Frère, dit avec amertume le vieux chef, bien des lunes se sont écoulées depuis la dernière visite faite par vous à Quiepaa-Tani.

— L’homme n’est que le jouet des événements, jamais il ne peut faire ce qu’il a projeté.

— C’est vrai. Peut-être eût-il mieux valu pour vous et