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L’ÉCLAIREUR.

dieux, la verte campagne que traversait le chasseur avait pris un aspect réellement enchanteur. De même que la première fois qu’il était venu dans cette contrée, tout était en mouvement autour de lui.

Le Canadien, qui, à l’aide de son nouvel extérieur, pouvait examiner à loisir tout ce qui se passait, regardait curieusement le tableau animé qu’il avait sous les yeux ; mais ce qui fixa le plus son attention fut une troupe de cavaliers vêtus ou plutôt peints en guerre, armés de ces longs javelots et de ces longues flèches barbelées qu’ils manient avec une si grande dextérité et dont les blessures sont si dangereuses. La plupart portaient en outre un rifle en bandoulière et une reata à la ceinture, et, marchant en bon ordre, ils s’avançaient au trot vers la ville, paraissant venir du côté opposé à celui par lequel arrivait le chasseur.

Les nombreuses personnes répandues dans la campagne s’étaient arrêtées pour les examiner ; Bon-Affût, profitant de cette circonstance, pressa le pas afin de se mêler aux curieux, au milieu desquels, ainsi qu’il le désirait, il fut bientôt confondu, sans que personne songeât à lui accorder la moindre attention.

Les cavaliers allaient toujours le même train, sans paraître remarquer la curiosité qu’ils excitaient, ils se trouvèrent bientôt à une quarantaine de pas de la porte principale. Arrivés à cette distance, ils s’arrêtèrent.

Au même instant, trois cavaliers sortirent au galop de la ville, traversèrent en deux bonds le pont jeté sur le fossé, et vinrent à leur rencontre.

Trois guerriers se détachèrent alors de la première troupe et s’approchèrent d’eux.

Après quelques paroles échangées brièvement, les six cavaliers réunis rejoignirent le détachement qui était demeuré immobile en arrière et entrèrent avec lui dans la ville.