— Hâtez-vous donc, car je suis curieux de savoir ce qui vous est arrivé depuis notre séparation au gué del Rubio.
— L’Aigle-Volant est un bon payntzin — coureur, — répondit le chef, mais il n’a que les pieds d’un homme.
— En effet, pourquoi donc n’êtes-vous pas venus à cheval ?
— Nos chevaux sont restés au camp de la grand rivière ; une piste se suit mieux à pied.
— Il est facile de remédier à cela. Combien êtes-vous ?
— Quatre.
— Comment ! quatre ? Vous étiez davantage il me semble.
— Oui, mais le chasseur pâle vous expliquera pourquoi deux de nos compagnons nous ont quittés.
— Bon, je vous accompagnerai.
Don Leo donna immédiatement l’ordre de préparer quatre chevaux, recommanda à Balle-Franche de veiller sur le campement pendant son absence ; alors se mettant en selle, mouvement imité par le chef, tous deux s’éloignèrent en conduisant en bride les chevaux destinés à ceux qu’ils allaient retrouver.
Une fallut aux deux hommes que vingt minutes, à peu près, pour faire la route que, seul, l’Aigle-Volant avait mis plus d’une heure à parcourir, à cause des précautions qu’il avait été obligé de prendre lorsqu’il suivait une piste inconnue, qui pouvait appartenir à des ennemis. Ils trouvèrent don Mariano et Bon-Affût, le canon du rifle en avant, et faisant bonne guette. En attendant le retour de l’Aigle-Volant, ils avaient fini par s’endormir ; mais les pas des chevaux les avaient réveillés ; à tout hasard, ils s’étaient mis sur la défensive.
Seulement, à leur réveil, une surprise fort désagréable les attendait. Ils ne se virent plus que deux au lieu de trois.