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L’ÉCLAIREUR.

je n’en doute pas, vous commencez à reconnaître l’urgence.

Les aventuriers s’installèrent tant bien que mal dans la clairière où ils se trouvaient, et, ainsi que l’avait dit Bon-Affût, ils préparèrent le souper en attendant le retour de leur batteur d’estrade, dont cependant l’absence fut beaucoup plus longue qu’ils ne l’avaient supposé, car la nuit était tombée déjà depuis longtemps sans qu’il eût reparu.



XXX.

Le deuxième Détachement.

Ainsi que nous l’avons dit dans notre précédent chapitre, l’Aigle-Volant s’était lancé sur la piste des cavaliers dont les empreintes avaient été aperçues par Bon-Affût.

L’Indien était réellement un des plus fins limiers de sa nation ; car, bien que la nuit vînt rapidement et l’empêchât bientôt de distinguer les traces qui servaient à le guider dans ses recherches, il n’en continua pas moins à avancer d’un pas aussi sûr et aussi assuré que s’il eût été au milieu de l’un de ces larges chemins jadis tracés par les Espagnols au temps de leur domination, et dont il reste encore quelques vestiges à demi effacés aux environs des grandes cités hispano-américaines.

Dix minutes environ après avoir quitté ses compagnons, le chef s’était relevé, et sans paraître attacher grande importance aux vestiges laissés sur le sol, il avait continué sa marche, se contentant de s’orienter de temps en temps en jetant un regard perçant sur les arbres et les buissons qui l’entouraient.

L’Aigle-Volant continua à marcher ainsi pendant une heure sans hésiter et sans ralentir son pas ; arrivé à un