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L’ÉCLAIREUR.

en suivant attentivement les empreintes parfaitement visibles sur le sol.

— Et bien, chef, lui demanda le chasseur en le voyant revenir vers lui, avez-vous trouvé quelque chose qui puisse nous renseigner ?

— Ooah ! fit l’Indien en hochant la tête, la piste est fraîche, les cavaliers ne sont pas loin.

— En êtes-vous sûr, chef ? Songez combien il est important pour nous de savoir qui sont les gens que nous avons pour voisins.

Le Comanche demeura un instant silencieux, plongé sans doute dans de sérieuses réflexions ; puis, relevant la tête :

— L’Aigle-Volant, dit-il, essaiera de satisfaire son frère. Que les visages pâles demeurent ici jusqu’à son retour ; le chef va prendre la piste, bientôt il dira au chasseur si ces hommes sont des amis ou des ennemis.

— Pardieu ! j’irai avec vous, chef, répondit vivement Bon-Affût ; il ne sera pas dit que, pour nous être utile, vous vous soyez exposé à un danger sérieux, sans avoir auprès de vous un ami pour vous soutenir.

— Non, reprit l’Indien, mon frère doit rester ici, un guerrier seul est suffisant.

Le chasseur savait que, lorsque le chef avait pris une résolution, rien ne pouvait lui en faire changer ; il n’insista pas.

— Partez donc, dit-il, et agissez à votre guise ; je sais que ce que vous ferez sera bien.

Le Comanche rejeta son rifle sur l’épaule, s’étendit sur le sol, et disparut dans les buissons en rampant comme un serpent.

— Et nous, demanda don Mariano, qu’allons nous faire ?

— Attendre le retour du chef, répondit Bon-Affût, et en l’attendant, préparer le repas du soir dont, ainsi que moi,