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L’ÉCLAIREUR.

— Qu’y a-t-il ? lui demanda don Mariano au bout d’un instant.

Bon-Affût ne lui répondit pas ; mais il se tourna vers le chef Indien en lui disant avec une certaine inquiétude :

— Voyez vous-même, chef, ceci me semble inconcevable.

L’Aigle-Volant se baissa à son tour vers le sol, et demeura assez longtemps à considérer les empreintes qui semblaient intriguer si vivement le chasseur.

Enfin il se releva.

— Eh bien ? lui demanda Bon-Affût.

— Une troupe de cavaliers a passé par ici aujourd’hui même ; répondit-il.

— Oui, fit le chasseur ; mais qui sont ces cavaliers ? d’où viennent-ils ? Voilà ce que je voudrais savoir.

L’Indien reprit son inspection avec une attention plus minutieuse que précédemment.

— Ce sont des visages pâles, dit-il.

— Comment ! des visages pâles ! s’écria Bon-Affût d’une voix étouffée par la prudence, c’est impossible ; songez donc où nous sommes ; jamais blanc, excepté moi, n’a jusqu’à ce jour pénétré dans ces régions.

— Ce sont des visages pâles, reprit le chef. Voyez, il y en a un qui s’est arrêté ici, il est descendu de cheval ; tenez, voici la trace de ses pas, son pied a écrasé cette touffe d’herbe, un des clous de sa chaussure a laissé une ligne noire sur cette pierre.

— C’est vrai, murmura Bon-Affût, les moksens des Indiens ne laissent pas de telles empreintes ; mais qui peuvent être ces hommes ? comment ont-ils pénétré ici ? quelle direction ont-ils suivie pour venir ?

Pendant que Bon-Affût s’adressait in petto ces questions et cherchait vainement la solution de ce problème qui lui semblait insoluble, l’Aigle-Volant avait fait quelques pas