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L’ÉCLAIREUR.

intentions, mais encore pour réclamer votre aide et votre intervention. Vous désirez que je m’explique immédiatement, je vais le faire ; mais peut-être eût-il mieux valu que vous attendissiez que cette forêt dans laquelle nous nous trouvons fut traversée.

— Je ferai observer à mon frère que je n’exige rien de lui ; j’ai cru devoir lui faire certaines observations ; s’il ne les trouve pas justes, son cœur est bon, il me pardonnera en songeant que je ne suis qu’un pauvre Indien dont l’intelligence est obscurcie par un nuage, et que je n’ai pas eu l’intention de le blesser.

— Non, non, chef, reprit vivement le chasseur ; puisque nous sommes sur cette question, mieux vaut l’éclaircir tout de suite, afin de ne plus avoir à y revenir et que rien dorénavant ne s’élève entre nous

— Je suis à la disposition de mon frère, prêt à l’entendre si cela lui plaît, et content d’attendre encore s’il le juge nécessaire.

— Je vous remercie, chef ; mais je m’en tiens à ma résolution première, je préfère tout vous dire.

Le Comanche sourit avec finesse.

— Mon frère est bien résolu à parler ? lui demanda-t-il.

— Oui.

— Bon ; alors mon frère n’a rien à ajouter, tout ce qu’il a à me dire, je le sais, il ne m’apprendrait rien de plus que ce que j’ai deviné moi-même.

Le chasseur ne put retenir un geste d’étonnement.

— Oh ! oh ! murmura-t-il, que signifie cela, chef ? Pourquoi alors les reproches que vous m’avez adressés ?

— Parce que j’ai voulu faire comprendre à mon frère qu’un ami ne doit rien avoir de caché pour un autre, surtout lorsque cet ami est éprouvé depuis longues années, que sa fidélité est à l’épreuve, et qu’on sait que l’on peut compter sur lui comme sur soi-même.