Page:Aimard - L’Éclaireur, 1860.djvu/315

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
305
L’ÉCLAIREUR.

en s’adressant à Bermudez : Comme nous pouvons avoir bientôt besoin de secours, tâchez en revenant de prendre, si cela est possible, une route plus directe et plus courte.

— Je ferai en sorte.

— Cette grotte est un excellent refuge, elle est assez spacieuse pour vous donner abri à tous ; vous y demeurerez avec les chevaux et vous ne la quitterez que sur un ordre de moi : c’est entendu ?

— Et compris, soyez tranquille ; je suis trop pénétré de l’importance des recommandations que vous me faites pour les négliger.

— Un dernier mot. Je vous ai dit qu’il fallait absolument, pour le succès de l’expédition difficile que nous tentons, que nous trouvions ici, en cas de besoin, un fort détachement d’hommes résolus ; recommandez bien à Ruperto de redoubler de prudence et d’éviter autant que possible, je ne dis pas une rixe avec les Indiens, mais même leur rencontre.

— Je le lui dirai.

— Maintenant, remettons la pirogue à flot, et bonne chance.

— Dieu veuille que vous réussissiez à sauver la pauvre Niña, dit le vieux domestique avec une émotion qu’il ne put maîtriser ; je donnerais avec joie ma vie pour elle.

— Allez en paix, mon ami, répondit Bon-Affût d’un ton affectueux, j’ai déjà fait le sacrifice de la mienne.

Les aventuriers sortirent alors de la grotte, non sans avoir d’abord interrogé le dehors du regard, afin de voir si nul danger n’existait. Un silence profond régnait sous le couvert impénétrable de la forêt.

Les aventuriers enlevèrent sur leurs épaules la pirogue dans laquelle ils avaient placé des provisions pour le compagnon qui les quittait.

Bientôt l’embarcation se balança légèrement sur l’eau.