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L’ÉCLAIREUR.

— Hum ! murmura-t-il, je vais avoir bien peu d’agrément ici ; enfin, puisqu’il le faut !

Et sur cette réflexion philosophique, le digne Mexicain alluma sa cigarette et se mit à fumer paisiblement, en suivant avec intérêt les spirales bleuâtres, fantastiquement contournées par la brise du soir, produites par la fumée de son tabac, pur havane, dont il humait le parfum avec tout le flegme méthodique d’un véritable sagamore indien.



XXVII.

Une Chasse dans la Prairie (Suite).

Dans le Nouveau-Monde, lorsqu’on se trouve voyager dans les régions indiennes et qu’on tient à ne pas être dépisté par les Peaux-Rouges, il faut avoir soin de se diriger vers l’est si l’on a affaire dans l’ouest, et vice versa ; en un mot, imiter la manœuvre du navire qui, surpris par un vent contraire, est obligé de louvoyer et de tirer des bordées qui le rapprochent insensiblement du point qu’il désire atteindre.

Bon-Affût était trop au fait de l’intelligence et de la finesse des indiens pour ne pas agir de la même façon. Bien que la présence de l’Aigle-Volant fût, jusqu’à un certain point, une garantie de sécurité pour Bon-Affût, cependant, ignorant avec quel parti indien le hasard le mettrait en contact, il résolut de faire en sorte, si toutefois cela était possible, de n’être découvert par aucun.

Fenimore Cooper, l’immortel historien des Indiens de l’Amérique du Nord, nous a initiés, dans ses excellents ouvrages, aux ruses employées par les Turscaroras, les Moéganes et les Hurons, lorsqu’ils veulent déjouer les recher-