perçant avait le privilège de lui occasionner incessamment des tressaillements nerveux, et dont la surveillance assidue lui était des plus désagréables ; cependant, comme il était impossible de désobéir ostensiblement à don Miguel, le digne gambucino fit contre fortune bon cœur, se promettant in petto de se tenir sur ses gardes et de redoubler de prudence.
Lorsque don Miguel se fut acquitté de tous les devoirs d’un chef sage et intelligent, il monta à cheval, bien qu’avec une certaine difficulté, à cause de la faiblesse occasionnée par ses blessures. Il se plaça en tête de sa troupe, à la droite de Balle-Franche, et après avoir fait un dernier signe d’adieu à don Mariano et à Bon-Affût, il donna le signal du départ.
Les deux troupes se mirent immédiatement en marche : celle conduite par Ruperto appuyant sur la gauche, et se dirigeant vers les montagnes, et celle de Balle-Franche suivant provisoirement le cours du Rubio.
Il ne restait plus au camp abandonné que Bon-Affût, don Mariano, l’Aigle-Volant, l’Églantine, les deux domestiques et le gambucino Domingo, qui suivait d’un regard d’envie ses compagnons qui s’éloignaient de plus en plus et qui finirent bientôt par disparaître.
Cette dernière troupe se composait donc de six hommes et d’une femme, en tout sept personnes.
Le vieux chasseur, pour des raisons qu’il gardait secrètes, ne voulait pas se mettre en route avant le coucher du soleil.
À peine cet astre eut-il disparu l’horizon dans des flots de vapeurs, que la nuit fut profonde et le paysage plongé presque immédiatement dans d’épaisses ténèbres.
Nous avons déjà fait plusieurs fois observer que dans les hautes latitudes américaines le crépuscule n’existe pas, ou