— Je réussirai ! répondit-il simplement, en serrant avec force la main que lui tendait son ami.
Les deux hommes s’étaient entendus.
Don Leo sortit alors de la tente.
Bientôt tout fut en mouvement dans le camp. Les gambucinos s’occupaient activement à détruire les retranchements, charger les wagons, seller les chevaux, etc., enfin chacun faisait les préparatifs d’un départ précipité.
— Ne m’avez-vous pas dit, demanda Bon-Affût à Balle-Franche, que vous aviez été relevé par l’Aigle-Volant ?
— En effet, répondit celui-ci.
— Le chef s’est-il donc déjà séparé de vous ?
— Aucunement ; il m’a suivi au camp ainsi que l’Églantine.
— Dieu soit loué ! il m’accompagnera dans mon expédition ; c’est un guerrier brave et expérimenté ; son aide sera, je le crois, fort nécessaire à la réussite de mes projets. Où est-il resté ?
— Ici, à quelques pas ; allons le trouver, j’ai certaines chose à lui dire, moi aussi.
Les deux chasseurs quittèrent la tente de compagnie ; ils aperçurent bientôt l’Aigle-Volant accroupi devant un feu et fumant impassiblement son calumet indien ; sa femme se tenait immobile à ses côtés, attentive à satisfaire ses moindres désirs.
À la vue des chasseurs, le chef ôta sa pipe de sa bouche et les salua courtoisement.
Balle-Franche savait que le Comanche avait pris plusieurs mesures sur les empreintes laissées dans sa fuite par don Estevan ; c’étaient ces mesures, dont il espérait se servir plus tard afin de retrouver la piste de son ennemi, qu’il désirait demander au chef.
Celui-ci les lui remit sans faire la moindre difficulté ; le chasseur les serra précieusement dans sa poitrine avec un geste de satisfaction.