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L’ÉCLAIREUR.

— Ooah ! murmura l’Indien, ma sœur dit vrai ; ce guerrier est brave, son cœur est large, il est l’ami des peaux-rouges, l’Aigle-Volant est un chef renommé pour sa grandeur d’âme, il n’abandonnera pas le visage pâle aux hideux coyotes.

— Mahchsi Karehde est le plus grand guerrier de sa nation, sa tête est pleine de sagesse, ce qu’il fait est bien.

L’Aigle-Volant sourit avec satisfaction à ce compliment de la jeune femme.

— Visitons les blessures de cet homme.

L’Églantine alluma une branche d’ocote dons elle se fit une torche ; les deux Indiens se penchèrent sur le blessé toujours immobile, et à la flamme vacillante de la torche, ils l’examinèrent de nouveau et plus attentivement.

Balle-Franche n’avait qu’une blessure légère occasionnée par le pommeau du pistolet dont il avait été frappé ; la force du coup, en amenant une abondante hémorragie, avait causé un étourdissement suivi d’une syncope ; la plaie était assez étroite, peu profonde et placé à la partie supérieure du front entre les deux sourcils ; évidemment, don Estevan avait essayé d’assommer le digne chasseur de la même façon que dans les Corridas de toros de Mexico ; les espadas expérimentés se plaisent parfois à tuer ainsi un taureaux, afin de faire briller leur adresse aux yeux de tous les spectateurs groupés anxieusement sur les gradins del acho. Son coup, bien que lancé d’une main ferme, avait été porté trop précipitamment, et n’avait pas été calculé assez sûrement pour être mortel ; seulement, il est évident que si le chef indien ne l’avait pas secouru avant la fin de la nuit, le chasseur aurait été tout vivant dévoré par les bêtes fauves qui rôdaient aux environs en quête d’une proie.

Tous les Indiens, lorsqu’ils sont en voyage, portent sur eux, passé en bandoulière, un sac en parchemin qui a à peu près la forme d’une gibecière et qu’ils nomment sac à