L’inconnu sourit d’un air narquois.
— Peut-être est-ce la raison que vous avancez, peut-être y en a-t-il une autre, dit-il doucement ; dans tous les cas, il y a un moyen bien facile de terminer le différend, moyen que je vais employer.
— Ah ! fit le second aventurier, et quel est-il ?
— Le voici, reprit l’inconnu, du même air placide.
S’avançant alors vers le cheval que deux hommes avaient peine à contenir :
— Lâchez-le ! dit-il.
— Mais si nous le lâchons, nul ne sait ce qui arrivera.
— Lâchez-le, je réponds de tout ; puis s’adressant au cheval : Lélio ! dit-il.
À ce nom, le cheval releva sa noble tête, et fixant son œil intelligent sur celui qui l’appelait, d’un mouvement brusque et irrésistible il se débarrassa des deux hommes qui cherchaient à l’arrêter, les envoya rouler sur l’herbe, aux éclats de rire de leurs compagnons, et vint frotter sa tête contre la poitrine de son maître, en poussant un hennissement de plaisir.
— Vous voyez, reprit l’inconnu en flattant le noble animal, que ce n’est pas difficile !
— Hum ! répondit d’un ton de mauvaise humeur en se frottant l’épaule le premier aventurier qui se relevait ; c’est un démonio auquel je ne confierai pas ma peau, toute vieille et toute racornie qu’elle soit à présent.
— Ne vous en occupez pas davantage, je me charge de lui.
— Foi de Domingo, j’en ai assez pour ma part ; c’est une noble bête, mais elle a le diable au corps !
L’inconnu haussa les épaules sans répondre et retourna auprès du foyer suivi par son cheval qui marchait pas à pas derrière lui, sans témoigner la moindre velléité de se livrer de nouveau à ces excentricités qui avaient si fort