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L’ÉCLAIREUR.

Don Estevan le considéra un instant avec une expression de mépris et de haine satisfaite :

— Idiot ! murmura-t-il en le poussant du pied, c’était avant de me sauver qu’il fallait me faire ces sottes conditions ; mais à présent il est trop tard. Je suis libre, cuerpo de Cristo, et je me vengerai !

Après avoir prononcé ces paroles en lançant vers le ciel un regard de défi, il se baissa sur le chasseur, le dépouilla de ses armes sans la moindre pudeur, et l’abandonna, sans même songer à savoir s’il était mort ou seulement blessé.

— C’est toi, chien maudit reprit-il, qui mourras de faim ou seras dévoré par les bêtes fauves ; quant à moi, maintenant, je ne crains plus rien, j’ai entre les mains les moyens d’accomplir ma vengeance !

Et le misérable quitta à grands pas la clairière pour chercher le cheval de Balle-Franche, dont il comptait faire sa monture.



XXII.

Le Camp.


Les gambucinos atteignirent leur camp un peu avant le lever du soleil. Pendant leur absence, les quelques hommes laissés à la garde des retranchements n’avaient pas été inquiétés.

Don Mariano attendait le retour des Mexicains avec une vive impatience : aussitôt qu’il les aperçut, il alla au-devant d’eux.

Bon-Affût était sombre : la réception qu’il fit au gentilhomme, bien que cordiale, fut cependant assez sèche.