— Laquelle ?
— C’est que vous vous engagerez à nous suivre.
— Suis-je donc votre prisonnier ?
— Non, bien loin de là.
— Pourquoi alors cette pression que vous prétendez exercer sur ma volonté ?
— C’est dans votre intérêt seul que nous agissons,
— Comment me trouvé-je ici ?
— Ne le devinez-vous pas ?
— J’attends que vous me l’expliquiez.
— Nous n’avons pas voulu que, après avoir accusé votre frère, vous assistiez à son exécution.
Don Mariano, accablé, baissa tristement la tête.
— Est-il mort ? dit-il d’une voix basse et étranglée en frissonnant.
— Pas encore, répondit Balle-Franche.
L’accent du chasseur était si sombre, son visage si lugubre, que le gentilhomme mexicain fut saisi de terreur.
— Oh ! vous l’avez tué ! murmura-t-il.
— Non, répondit sèchement Balle-Franche, c’est par sa propre main qu’il doit mourir ; lui-même se tuera.
— Oh ! tout cela est horrible ! Au nom du ciel, dites-moi tout : je préfère la vérité, si terrible qu’elle soit, à cette affreuse incertitude.
— À quoi bon vous rapporter cette scène ? vous ne la connaîtrez que trop tôt dans tous ses détails.
— C’est bien, répondit résolument don Mariano en arrêtant son cheval, je sais ce qui me reste à faire.
Balle-Franche lui lança un regard d’une expression indéfinissable, et posant la main sur la bride :
— Prenez garde ! lui dit-il sèchement, de vous laisser emporter par un premier mouvement toujours irréfléchi, et de regretter plus tard ce que vous aurez fait ce soir.