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L’ÉCLAIREUR.

dételé, et les rideaux en retombant le couvrirent ai bien, qu’il se trouva entièrement caché.

Ce palanquin était une énigme pour les aventuriers ; nul ne savait ce qu’il renfermait, bien que la curiosité générale fût singulièrement éveillée au sujet de ce mystère incompréhensible surtout dans ces parages sauvages ; chacun gardait avec soin ses appréciations et ses pensées au fond de son cœur, surtout depuis le jour que dans un passage difficile, profitant de l’éloignement accidentel du chef de la cuadrilla qui ordinairement ne quittait jamais le palanquin sur lequel il veillait comme un avare sur son trésor, un chasseur s’était penché de côté et avait légèrement entr’ouvert un des rideaux ; mais à peine cet homme avait-il eu le temps de jeter un coup d’œil furtif à travers l’ouverture ménagée par lui, que le chef, arrivant à l’improviste, lui avait fendu le crâne d’un coup de machète et l’avait renversé mort à ses pieds.

Puis il s’était tourné vers les assistants terrifiés, et les dominant par un regard fascinateur :

— Y a-t-il un autre de vous, avait-il dit, qui veuille découvrir ce que je prétends cacher à tous ?

Ces paroles avaient été prononcées avec un tel accent d’implacable raillerie et de féroce méchanceté, que ces hommes de sac et de corde, pour la plupart sans foi ni loi, et accoutumés à braver en riant les plus grands périls, s’étaient sentis frissonner intérieurement et leur sang se figer dans leurs veines. Cette leçon avaient suffi. Nul n’avait cherché depuis à découvrir le secret du capitaine.

À peine les dernières dispositions étaient-elles prises pour le campement, qu’un bruit de chevaux se fit entendre et deux cavaliers arrivèrent au galop.

— Voici le capitaine ! se dirent les aventuriers l’un à l’autre.

Les nouveaux venus jetèrent la bride de leurs chevaux