brusquement, et fixant sur le Canadien un regard qui semblait vouloir fouiller au fond de ses pensées les plus secrètes :
— Mais je ne suis pas votre prisonnier cependant.
— Hum ! fit le chasseur sans répondre autrement.
Cette interjection donna fort à penser au blessé et l’inquiéta plus qu’une longue phrase.
— Parlons franchement, dit-il au bout de quelques minutes de réflexions.
— Je ne demande pas mieux.
— De vous trois, il y en a un que je connais, continua-t-il en désignant Ruperto, qui fit silencieusement un geste affirmatif ; je n’ai jamais, que je sache offensé cet homme, au contraire.
— C’est vrai, répondit Ruperto.
— Vous, je ne vous ai jamais vu, donc vous ne pouvez nourrir contre moi aucun sentiment d’inimitié.
— En effet, voici la première fois que la Providence nous met face à face.
— Reste ce guerrier indien qui, de même que vous, m’est parfaitement inconnu.
— Tout cela est exact.
— Pour quelle raison pourrais-je donc être votre prisonnier ? à moins, ce que je ne crois pas, que vous soyez de ces oiseaux de proie nommés pirates qui pullulent dans le désert.
— Nous ne sommes pas des pirates, mais de loyaux et honnêtes chasseurs.
— Raison de plus pour que de nouveau je vous adresse ma question, et vous demande si je suis, oui ou non, votre prisonnier.
— Cette question n’est pas aussi simple que vous le supposez ; bien que nous n’ayons, nous autres, aucun reproche à vous adresser personnellement, n’avez-vous pas insulté