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L’ÉCLAIREUR.

avait été de découvrir quelque trace, quelque indice qui, le cas échéant, seraient utiles à ceux qui auraient intérêt à approfondir les causes du guet-apens tendu à don Miguel. Le hasard l’avait servi à souhait en lui fournissant une preuve dont le prix devait être immense, et que, sans nul doute, don Stefano aurait rachetée avec le plus clair de son sang, afin de l’anéantir ; malheureusement cette preuve, tout intéressante qu’elle fut, était lettre close pour l’Indien, et dans ses mains n’avait aucune valeur.

L’Aigle-Volant songea aussitôt à don Mariano, qui pourrait probablement lui expliquer l’importance de la trouvaille mystérieuse qu’il avait faite ; après l’avoir tournée et retournée plusieurs fois, il la cacha définitivement dans son sein, et, avec la décision caractéristique de sa race, il s’était élancé d’un pas rapide vers le campement où il était certain de rencontrer le Mexicain.

— Mon père va partir ? demanda le Peau-Rouge.

— Oui, répondit don Mariano ; mais je suis heureux de vous voir avant mon départ, chef, afin de vous remercier de votre cordiale hospitalité.

L’Indien s’inclina.

— Mon père sait déchiffrer les colliers des visages pâles, n’est-ce pas ? continua-t-il ; les blancs ont beaucoup de science, mon père doit être un chef dans sa nation.

Don Mariano regarda le Comanche avec surprise.

— Que voulez-vous dire ? lui demanda-t-il.

— Nos pères indiens nous ont appris à transmettre, sur des peaux d’animaux préparées à cet effet, les événements intéressants qui se sont passés parmi nous dans nos tribus aux anciens âges du monde ; les visages pâles savent tout : ils ont la grande médecine, eux aussi ont des colliers.

— Certes nous avons des livres sur lesquels, au moyen