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L’ÉCLAIREUR.

XVII.

Don Mariano.


Nous retournerons à présent auprès de don Stefano Cohecho, que nous avons laissé évanoui entre Ruperto et don Mariano.

La double exclamation poussée par le chasseur et le voyageur mexicain, en reconnaissant l’homme qu’ils avaient relevé sur les bords de la rivière, avait plongé les assistants dans une stupéfaction profonde.

Bermudez reprit le premier son sang-froid, et, s’approchant de son maître :

— Venez, don Mariano, lui dit-il, ne restez pas ici, peut-être serait-il bon qu’en ouvrant les yeux votre frère ne vous vît pas.

Don Mariano fixait un regard ardent sur le blessé.

— Comment se fait-il que je le retrouve là ? dit-il, comme se parlant à soi-même ; que fait-il dans ces régions sauvages ? Il me mentait donc en m’écrivant que d’importantes affaires l’appelaient au États-Unis et qu’il partait pour la Nouvelle-Orléans ?

— Le senor don Estevan, votre frère, répondit gravement Bermudez, est un de ces hommes aux allures ténébreuses, dont il est impossible de connaître les pensées et de deviner les actes ; voyez, ce chasseur lui donne un nom qui ne lui appartient pas : dans quel but se cache-t-il ainsi ? Croyez-moi, don Mariano, il y a là-dessous un mystère que nous éclaircirons avec la grâce de Dieu ; mais soyons prudents, ne révélons pas notre présence à don Estevan : il sera toujours temps de le faire, si nous reconnaissons que nous nous sommes trompés.

— C’est vrai, Bermudez, votre avis est bon, je veux le suivre ; seulement avant de m’éloigner, laissez-moi m’assu-