Page:Aimard - L’Éclaireur, 1860.djvu/16

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
6
L’ÉCLAIREUR.

Sa taille était haute, bien prise, parfaitement proportionnée ; ses traits étaient fins, ses yeux noir comme la nuit acquéraient, sous l’influence d’une émotion forte, cette fixité étrange qui commande le respect ; ses gestes étaient nobles et sa démarche gracieuse, empreinte de cette majesté innée chez les Indiens.

Le chef était revêtu de son costume de guerre.

Ce costume est assez singulier pour mériter une description détaillée.

La tête de l’AIgle-Volant était coiffée du mahck-akoubhachka, bonnet que, seuls, les guerriers distingués qui ont tués beaucoup d’ennemis ont le droit de porter ; il est fait de bandes blanches d’hermine ayant par derrière une large pièce de drap rouge tombant jusqu’au mollet, sur laquelle est attachée une crête droite de plumes d’aigle blanches et noires qui commence à la tête et se prolonge en rang serré jusqu’au bout. Au-dessus de l’oreille droite il avait passé dans sa chevelure un couteau de bois peint en rouge et long comme la main : ce couteau était l’emblème de celui avec lequel il avait tué un chef Dacotah ; il portait, en outre, huit petites brochettes en bois, peintes en bleu et garnies à l’extrémité supérieure d’un clou doré pour indiquer le nombre de coups de feu dont il avait été blessé ; au-dessus de l’oreille gauche il portait une grosse touffe de plumes de hibou jaunes et peintes en rouge à leur extrémité, comme signe de ralliement des Menin-ochaté, c’est-à-dire la bande des Chiens ; son visage était peint moitié en rouge et son corps en rouge-brun avec des raies dont la couleur avait été enlevée avec un doigt mouillé. Ses bras, à compter de l’épaule, étaient ornés de vingt-sept raies jaunes indiquant le nombre de ses hauts faits, et sur sa poitrine il avait dessiné avec de la couleur bleue une main, ce qui annonçait qu’il avait souvent fait des prisonniers. Il portait à son cou un magnifique mato-unknappinindè,