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L’ÉCLAIREUR.

ne tarderez pas à savoir à quoi vous en tenir. Regardez, ajouta le chasseur en étendant le bras dans la direction de la gorge, voyez-vous ce cavalier qui accourt à toute bride, dans un quart d’heure à peine il sera auprès de nous ; grâce à la précaution que je viens de prendre, il passera sans nous apercevoir.

— Redouteriez-vous quelque chose de ce cavalier ?

— Rien ; au contraire le chef et moi nous sommes ici pour lui venir en aide.

— Vous le connaissez donc ?

— Pas le moins du monde.

— Hum ! vous devenez de plus en plus incompréhensible, caballero.

— Patience, reprit en riant le chasseur ; ne vous ai-je pas dit que bientôt vous auriez le mot de l’énigme.

— Oui, et je vous avoue que ma curiosité est si bien excitée que je l’attends avec impatience ?

Cependant le cavalier que Ruperto avait désigné à don Mariano s’approchait rapidement, et bientôt, ainsi que l’avait prévu le chasseur, il passa sans l’apercevoir à quelques pas seulement du campement.

Aussitôt qu’il eut disparu dans la forêt, Ruperto reprit la parole.

— Il y a quelques heures, dit-il, non loin de l’endroit où nous nous trouvons en ce moment, le chef et moi, sans le vouloir, nous avons assisté à une conversation dont ce cavalier était l’objet, conversation dans laquelle il était tout simplement question de lui tendre un piège et de le faire tomber dans un guet-apens odieux ; je ne connais pas la raison qui engageait les deux hommes qui causaient, sans se croire si bien écoutés, à machiner cet assassinat ; je ne sais pas qui est ce cavalier et je ne veux pas le savoir, mais j’ai pour tout ce qui, de près ou de loin, sent la trahison une répulsion instinctive ; ce chef indien est comme