Page:Aimard - L’Éclaireur, 1860.djvu/134

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
124
L’ÉCLAIREUR.

— Prenez mes paroles comme il vous plaira, mais retenez-les dans l’intérêt de votre sûreté ; bien que je ne sois qu’un aventurier, je vous donne en ce moment une leçon de loyauté dont vous ferez bien de profiter ; rien ne me serait plus facile que d’acquérir les preuves de votre trahison ; j’ai avec moi trente compagnons dévoués qui, sur un signe de moi, vous feraient un fort mauvais parti, et, en fouillant vos habits et vos alforjas, trouveraient sans doute au milieu de vos tortillas bénites, fit-il avec un sourire sardonique, les raisons de la conduite que vous avez tenue avec moi depuis que je vous ai rencontré ; mais vous avez été mon hôte, et ce titre est votre sauvegarde ; allez en paix, et ne vous placez plus sur ma route.

En prononçant ces mots il leva le bras et appliqua un vigoureux coup de chicote (cravache) sur la croupe du cheval de don Stefano. Le barbe, peu habitué à de semblables traitements, partit comme un trait, malgré tous les efforts de son cavalier pour le retenir.

Don Miguel le suivit un instant des yeux, puis il retourna à son camp en riant à gorge déployée de la façon dont il avait terminé l’entretien.

— Allons, enfants ! dit-il aux gambucinos, en route vivement, il nous faut arriver avant le coucher du soleil au gué del Rubio, où le guide nous attend.

Une demi-heure plus tard, la caravane se mettait en marche.



XIII.

L’embuscade.


Aucun incident digne d’être rapporté ne troubla le voyage pendant le cours de cette journée. La cuadrilla traversait