— Je suis à vos ordres.
Ils piquèrent leurs chevaux et sortirent du camp.
À peine avaient-ils fait une vingtaine de pas, que don Miguel tira la bride de son cheval et l’arrêta.
— Vous me quittez déjà ? lui demanda don Stefano.
— Je ne ferai pas un pas de plus, répondit le jeune homme ; et, redressant fièrement la tête et fronçant les sourcils, écoutez-moi, lui dit-il d’un ton hautain : ici vous n’êtes plus mon hôte, nous sommes hors de mon camp, dans le désert ; je puis donc m’expliquer clairement et nettement avec vous, et, voto à brios, je vais le faire.
Le Mexicain le regarda d’un air surpris.
— Je ne vous comprend pas, dit-il.
— Peut-être ; je souhaite que cela soit, mais je ne le crois pas ; tant que vous avez été mon hôte, j’ai feint d’ajouter foi aux mensonges que vous me débitiez ; mais maintenant vous n’êtes plus pour moi, que le premier venu, un étranger, et je veux vous faire connaître franchement ma pensée ; je ne sais quel nom appliquer sur votre face blême, mais je suis certain que vous êtes mon ennemi ou tout au moins l’espion de mes ennemis.
— Caballero, ces paroles… s’écria don Stetano.
— Ne m’interrompez pas, continua le jeune homme avec violence, peu m’importe qui vous êtes, il me suffit de vous avoir démasqué ; je vous remercie d’être entré dans mon camp ; au moins maintenant, si je vous rencontre jamais, je vous reconnaîtrai ; seulement croyez-moi ; ceci est un conseil que je me permets de vous donner : secouez vos chaussures en me quittant, ne vous trouvez plus en face de moi, il pourrait vous arriver malheur !
— Des menaces ! interrompit le Mexicain pâle de rage.